Expos

Artemisia Gentileschi ou le baroque fait femme

Londres-Milan, Robilant+Voena
© Manusardi Art Photo Studio, Milano

« La moins connue des grands peintres du XVIIe siècle européen, elle a pourtant mené l’une des carrières les plus prestigieuses de son temps ». C’est en ces termes que la  présente Francesco Solinas, l’un des commissaires de l’exposition Artemisia, Pouvoir, gloire et passions d’une femme peintre au Musée Maillol à Paris du 14 mars au 15 juillet 2012.

Naples, Museo Nazionale di Capodimonte
© Fototeca Soprintendenza per il#PSAE e per il Polo museale
della città di Napoli

Artemisia Gentileschi (1593-1654), fille d’Orazio Gentileschi, lui-même peintre de renom de la Rome baroque, a effectivement connu la richesse et la gloire. Elle fut invitée dans les plus grandes cours d’Europe et reçut des commandes des plus hauts dignitaires de l’Eglise. Mais cette artiste caravagesque, à la peinture passionnée et théâtrale, passa de mode au XVIIIe pour sombrer peu à peu dans l’oubli. Redécouverte au XXe siècle, la puissance de son oeuvre fut longtemps occultée par le drame personnel qu’elle vécut à l’âge de 18 ans : violée par Agostino Tassi, un peintre ami de son père, elle dut subir un procès retentissant qui dura plus de neuf mois, au cours duquel elle fut torturée (par le supplice des sibylles, des lacets de cuir lui broyant les doigts, censés lui faire avouer la vérité).

© Saint Louis, The Saint Louis Art Museum

C’est la première fois qu’une exposition lui est consacrée en France. Rassemblant une cinquantaine de ses tableaux, celle-ci retrace les principales étapes de sa carrière:
– Ses débuts à Rome dans l’atelier de son père.
– Ses années florentines sous la protection du Grand-duc de Médicis et l’amitié de Galilée. Elle sera la première femme admise à l’Accademia del Disegno.
– Son retour à Rome, dans les années 1620 où elle deviendra chef de file des peintres caravagesques, amie des grands maîtres tels que Simon Vouet et Massimo Stanzione et reconnue par les plus grands collectionneurs européens.
– Sa période napolitaine (1630-1654) qui marquera l’apogée de sa carrière.

© Rita R.R. and Marc A. Seidner Collection, Los Angeles

A l’occasion de l’exposition, la biographie romancée d’Artemisia par l’historienne et romancière Alexandra Lapierre est rééditée aux éditions Pocket. Rappelons que c’est grâce notamment au succès international de ce récit publié en 1998 et soutenu par d’exceptionnels documents d’archives qu’Artemisia Gentileschi est sortie de l’oubli.

Pour plus d’infos, voir la présentation du livre sur le site des éditions Pocket

A signaler également, la projection dans plusieurs cinémas parisiens (Reflet Médicis, Le Balzac et La Clef) du film Artemisia d’Agnès Merlet (sorti en 1997) avec Michel Serrault, Valentina Cervi et Frédéric Pierrot. Mais on peut aussi acheter le DVD à la boutique du Musée Maillol.

MUSÉE MAILLOL – FONDATION DINA VIERNY
59-61, rue de Grenelle – 75007 Paris
Tél : 01 42 22 59 58
Métro : Rue du Bac
Bus : n° 63, 68, 69, 83, 84
www.museemaillol.com

Horaires
Tous les jours de 10h30 à 19h, y compris les jours fériés
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30
Prix d’entrée
Plein tarif : 11 euros
Tarif réduit : 9 euros
Gratuit pour les moins de 11 ans

Fra Angelico, une exposition radieuse

Vierge à l'Enfant, Fra Angelico, Galerie Sabauda, Turin © 2011 Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali

Quoi de mieux en ces temps de fêtes qu’une exposition toute en lumière et en finesse consacrée à l’une des figures les plus illustres du Quattrocento italien et de la première Renaissance florentine? Pas moins de 25 oeuvres majeures de Fra Angelico (vers 1400-1455) sont présentées actuellement au Musée Jacquemart-André jusqu’au 16 janvier 2012. Fra Angelico et les Maîtres de la lumière est non seulement une superbe exposition, dont on aurait vraiment tort de se priver. C’est aussi un véritable événement, car c’est la première fois qu’un musée français rend hommage à Beato Angelico, comme on l’appelle en Italie.

Jusqu’à présent, en effet, « la France n’avait jamais consacré d’exposition monographique à cet artiste lumineux », expliquait Giovanni Damiani, la commissaire générale de l’exposition lors de sa présentation à la presse. Il faut dire que la tâche n’était pas simple : le peintre à fresques et enlumineur de talent a également exécuté de très nombreux retables, dont la manipulation exige énormément de soin et de précaution.

Les panneaux exposés ici proviennent des plus grands musées italiens et européens, de Florence bien sûr, mais aussi de Rome, Turin, Venise, Parme, Pise, ou encore de Budapest, de Zagreb et de Nice, etc. L’exposition a pu voir le jour uniquement grâce à une étroite collaboration et une entente profonde entre les prestigieuses institutions italiennes, le musée Jacquemart-André et Culturespaces, producteur de l’exposition. « Jamais nous n’aurions autorisé le prêt de l’Armoire des ex-voto d’argent du musée de San Marco à Florence s’il n’y avait eu le sérieux et la haute qualité de l’exposition », a confié Cristina Acidini Luchinat, Surintendante du pôle muséal de Florence.

« Il ne s’agit pas d’une rétrospective, mais plutôt d’un certain nombre de coups de projecteurs sur les différents aspects de l’oeuvre du peintre », précise encore Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur du musée Jacquemart-André. En effet, l’exposition présente non seulement les magnifiques prédelles réalisées par le moine dominicain, mais aussi d’impressionnants manuscrits ornés de ses précieuses enluminures ou encore plusieurs oeuvres des grands peintres qui ont influencé son art et ceux qu’il a inspirés à son tour. De plus, une vidéo permet de découvrir le chef-d’oeuvre absolu de l’artiste religieux : les fresques des cellules du couvent San Marco à Florence.

Le résultat est une exposition d’une richesse et d’une beauté exceptionnelles, une véritable fête tant pour les yeux que pour le coeur. On en ressort littéralement ébloui par les ors, le chatoiement des couleurs, la délicatesse des traits et une lumière omniprésente. De quoi réchauffer les âmes malmenées par la froideur et la grisaille de l’hiver.

Enfin, une mention spéciale pour l’application iPhone/iPad et Android, proposée en téléchargement sur place. Superbement réalisée et très simple d’utilisation, cette visite commentée de l’exposition offre un complément d’informations multimédias de qualité, pour seulement 2,99 €.

Galerie des Offices, Florence © 2010 Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali

Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann 75008 Paris
Tél : 01 45 62 11 59
www.musee-jacquemart-andre.com

Accès
Métro lignes 9 et 13, stations Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe-du-Roule
Bus :  22, 28, 43, 52, 54, 80, 83, 84, 93
RER : Charles de Gaulle-Etoile
Station Vélib’ : rue de Berri

Horaires
Ouvert tous les jours de 10h à 18h.
Nocturne les lundis et samedis jusqu’à 21h30

Tarifs
Plein tarif : 10 €. Tarif réduit : 8,50 €. Entrée gratuite pour les enfants de moins de 7 ans

Multimédia
Pour télécharger l’appli de la visite commentée:
sur iPhone
sur Android

Thébaïde, Fra Angelico, Galerie des Offices, Florence © 2011 Photo Scala, Florence - courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali

Pompéi à Paris


Expo_PompeiJ’avais le sentiment de connaître déjà beaucoup de choses sur Pompéi, maintes fois visité en chemin vers mes vacances siciliennes. Mais une très belle exposition, inaugurée il y a quelques semaines déjà au musée Maillol à Paris m’oblige, en quelque sorte, à revoir mes classiques! « Pompéi, un art de vivre » présente avec intelligence, luminosité et même émotion (devant les corps d’un couple et d’un chien en agonie figés par la cendre), le mode de vie raffiné – et étonnamment moderne – des habitants de cette ville romaine entièrement ensevelie sous les cendres lors d’une implacable éruption du Vésuve en l’an 79 de notre ère.

En suivant le parcours de l’exposition, le visiteur découvre une domus pompeiana, une maison pompéienne, reproduite à travers ses pièces les plus célèbres et traditionnelles: l’atrium, le triclinium et la culina, le peristyle autour du jardin, le balneum, le venereum. Chacune de ces pièces est ornée de fresques et accompagnée de ses objets (récipients et instruments de cuisine pour la culina ou encore baignoire pour le balneum).

Au total, ce sont pas moins de deux cents oeuvres en provenance de Pompéi et d’autres sites du Golfe de Naples qui ont fait le voyage jusqu’ici.

A ne surtout pas manquer, le film, magnifiquement réalisé et incroyablement didactique, projeté dans la salle du sous-sol du musée qui reconstitue en 3D la ville telle qu’elle existait il y a près de deux mille ans.

Et pour les passionnés, ou tout simplement pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur le site archéologique, je recommande le très beau catalogue de l’exposition coédité avec Gallimard (224 pages, 220 illustrations environ, 39€) qui, sous la direction de Patrizia Nitti, directrice artistique du musée Maillol, réunit les contributions des plus grands spécialistes de cette civilisation disparue.

Musée Maillol – Fondation Dina Vierny
59-61, rue de Grenelle – 75007 Paris
Tél : 01 42 22 59 58
Site: www.museemaillol.com
Métro : Rue du Bac
Bus : n° 63, 68, 69, 83, 84

Horaires
Tous les jours de 10h30 à 19h, y compris les jours fériés (sauf 25 décembre et 1er janvier)
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h30 + une série de nocturnes exceptionnelles les :
7, 21 et 28 novembre 2011
12 décembre 2011
9, 16, 23 et 30 janvier 2012
6 février 2012

Prix d’entrée
Tarif : 11 euros
Tarif réduit : 9 euros
Gratuit pour les moins de 11 ans